Ma surprise fut grande lorsque, de fil en aiguille, on en est arrivé à parler du sentiment probablement le plus important et pourtant le plus complexe : L’amour. Le sujet est lourd et il est fort improbable que ce simple article en explore toutes les facettes. Je vais donc me borner à partager notre échange sans plus et sans même vous donner mon avis sur la question.
Selon M, « le seul amour inconditionnel que l’on peut recevoir est celui de nos parents ! ». Pour M, cet amour-là ne souffre d’aucune condition préalable. Un parent vous donne en principe inconditionnellement son amour, au sens où il peut même ne rien en attendre en retour. Ce parent est juste votre père ou votre mère, deux êtres uniques pour chacun d’entre nous.
Les réflexions de M m’ont semblé évidente, pleine de ce bon sens que je lui connais depuis maintenant plus de 20 ans. J’ai donc souhaité en savoir plus et comprendre les implications de cet amour inconditionnel dont les parents font preuve. En particulier ce qui m’a questionné, c’est le rapport à la Mère. Cette dernière est à mes yeux un pivot, une ancre et surtout dans notre poncif social, l’incarnation de l’affection, de la douceur, de la compréhension parentale. Et moi d’enchainer par une question : « Peut-on grandir sans l’amour d’une Mère ? »
M me faisait remarquer que la personne qui grandit sans l’amour par exemple de sa Mère, une fois adulte, développe certains comportements qui peuvent, sans prise de conscience, pénaliser sa relation à autrui. Cela serait selon M d’autant plus impactant pour le comportement, que par exemple le Père n’aurait pas compensé les insuffisances affectives de la Mère.
Parmi ces comportements, elle me cita « l’art de l’esquive ». A l’âge adulte, la personne peut zapper sans raison apparente dans la relation à l’Autre (conjoint par exemple), voire d’une relation à une autre. M me parla aussi d’un autre comportement qu’elle qualifia de « l’art du test » lié à l’esquive par ailleurs. A l’âge adulte, la personne en demande toujours plus à l’Autre avec aplomb, mais une fois ce plus obtenu, oublie comment elle l’a obtenu, et alors passe à autre chose. En somme, la personne teste son pouvoir d’obtenir ce qu’elle veut. Jusqu’au jour où le test de l’Autre est allé trop loin et que l’Autre, pour se protéger, a « craqué » et refusé de répondre plus avant au test et apporte ainsi la preuve inconsciemment cherchée par la personne, du « j’avais raison, l’Autre ne m’aime pas assez, j’ai bien fait de tester, l’Autre n’est pas fiable, ne me correspond pas… »
Inconsciemment, cette inconditionnalité qui lui a manqué par la voie parentale, c’est chez l’Autre que la personne la cherche. Pourtant cette inconditionnalité ne peut pas exister avec l’Autre, car ce dernier n’est ni son père, ni sa mère.
En substance, ce que je retiens de ce passionnant échange est qu’il serait essentiel pour chacun de comprendre que dans notre relation à un(e) Autre, on ne peut recevoir qu’à hauteur de ce que l’on donne et que l’on ne peut donner qu’à hauteur de ce que l’on reçoit. En somme, s’il n’y a pas de réciprocité dans la relation que nos parents peuvent avoir avec nous, la réciprocité est indispensable dans les relations avec l’Autre une fois adulte. C’est la base même d’un respect mutuel avec l’Autre, sans lequel aucune construction n’est possible … car « Le seul amour inconditionnel que l’on peut recevoir (sans qu’il ne nous soit rien demandé en échange) est celui de nos parents ! »
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